• SERIGNE MOURTADA MBACKE IBN KHADIM RASSOUL

     

    Cheikh Mourtada Mbacké Ibn Khadimou Rassoul est né en 1927 à Ndame Darou Al Alim Al Khabir, à 5 km de Touba.
    Comme il est de tradition en milieu mouride, il commença très jeune ses études coraniques. A considérer sa vie de rectitude et son temps passé à ces études et à la quête de connaissances spirituelles, on peut dire que, depuis son plus jeune âge, il est homme de Dieu dans le droit fil de ses illustres devanciers.

    Serigne Mourtada a grandi sous un modèle de foi, qui laissait présager une destinée hors série. Son grand-frère, Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, fils aîné de Cheikh Mouhamadou Bamba, qui l'a élevé, veillait scrupuleusement à son éducation et à sa formation religieuse.

    Déjà à l'âge de 12 ans, le cadet de Cheikh Mouhamadou Bamba affichait une frénésie peu courante dans sa génération par la recherche du savoir, par le culte religieux et la quête des connaissances eschtomologiques. Tout jeune, il était allé en Mauritanie à la recherche du savoir, fidèle aux enseignements de son feu père.

    Ce plénipotentiaire hors pair de la foi, de par son action hors de nos frontières, a gagné l'estime, le respect, la considération et la reconnaissance d'illustres cités du monde. Les voyages constants, réguliers et l'action amplificatrice qu'exerce Cheikh Mourtada est une illustration parfaite de ce vers, cela nous permet de saisir la grandeur et l'intelligence de Serigne Mourtada. En effet, il a toujours éprouvé très peu d'intérêt à l'égard des choses matérielles. Dans son enfance Cheikh Mourtada n'a commis ni péché, ni injustice à l'égard de personne.

    Le 8 août 2004 marque la fin à 82-83 ans, d'un long et élogieux parcours dédié à l'Islam, à la propagation des enseignements de son père Cheikh Ahmadou Bamba et à l'assistance à son prochain.
    Car avec sa disparition, le Mouridisme perd également un grand humaniste qui, dans un environnement fortement marqué par la pauvreté, avait fait du social une seconde nature..


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    Le fils cadet de Cheikh Ahmadou Bamba a vu le jour en 1343 h (1924), à l'époque de la détention en résidence surveillée du Serviteur du Prophète (PSL) par les autorités coloniales à Diourbel. Sa mère se nomme Sokhna Mbéya Diop, originaire de Doréga 

    près de Coki, et fille de Sokhna Fatou Tacko Diop. 


    N'étant âgé que de trois ans à la disparition de son illustre père en 1927, Cheikh Mourtada fut 

    confié à son grand frère Cheikh Mouhamadou Moustapha (1888-1945), fils aîné et premier Calife 

    de Cheikh Ahmadou Bamba, qui veilla particulièrement à son éducation et à sa formation 

    religieuse et intellectuelle.  Il vécut ainsi les premières années de sa jeunesse avec Cheikh Moustapha qui lui témoignait, à l'instar de tous ses autres frères et sœurs, une rare affection et le confia à différents maîtres auprès de qui Cheikh Mourtada acheva sa mémorisation du Coran. Le premier calife l'enverra plus tard en Mauritanie où il entama l'étude des sciences religieuses 

    classiques que sont la théologie (tawhid), la jurisprudence islamique(fiqh), le soufisme (tasawuf), les sciences instrumentales (grammaire, rhétorique etc.) De retour en son pays natal, Cheikh 

    Mourtada retrouva son grand frère qui prit l'usage de l'amener fréquemment en sa compagnie au 

    cours de ses nombreux déplacements à travers le pays aux fins surtout de raffermir son expérience 

    et de parfaire sa formation dans la gestion des affaires de la communauté. 


    Le caractère du jeune Mourtada était marqué par une remarquable ardeur et une forte 

    détermination à l'acquisition de la science, par un fort attachement à l'orthodoxie et à la Sunna du 

    Prophète (PSL), par la tempérance et le détachement des vanités du bas monde et bien d'autres 

    vertus procédant d'une Faveur divine particulière.  On reconnaissait déjà en lui, dés sa prime 

    jeunesse, l'essentiel des qualités dévolues aux saintes éminences, celles des grands Hommes de 

    DIEU appelés à réaliser des destinées exceptionnelles. 

    Pressé par une soif inextinguible de spiritualité et d'Amour du Seigneur, Cheikh Mourtada décidera, 

    bien après la disparition de son illustre tuteur, de se retirer pendant une longue période, 

    accompagné d'un nombre restreint de disciples, dans la solitude de la forêt de Bambouck (ancien 

    Sénégal Oriental) pour méditer et se consacrer exclusivement aux dures pratiques cultuelles. Et ce 

    ne fut qu'à la requête de son grand frère Cheikh Mouhamadou Bachir qu'il consentira à revenir 

    pour se consacrer à ce qui devait être l'une des œuvres les plus considérables de la Mouridiyah : la 

    propagation du message de l'Islam aux quatre coins  du globe, l'éducation et l'instruction des 

    disciples mourides disséminés à travers le monde entier.  


    Doté d'une pureté de cœur et d'esprit rarissime, Cheikh Mourtada marqua tous ceux qui eurent la 

    chance de le côtoyer par sa capacité à supporter les dures épreuves de la vie, à l'instar des 

    difficultés imposées à ses débuts par la relative modestie de ses ressources personnelles, les fils 

    cadets du Cheikh ne jouissant pas encore, en ces temps-là de leur notoriété ultérieure et du fait de 

    sa très grande libéralité qui l'incitait malgré tout à prodiguer ses biens aux plus démunis. Ayant ainsi appris à supporter stoïquement la peine et à surmonter la fatigue et la maladie qui ne 

    l'empêchaient jamais de faire son devoir, l'unique  repos de Cheikh Mourtada résidait dans la 

    réalisation de sa mission : accomplir toute œuvre bénéfique à l'Islam, édifier des centres 

    d'enseignement religieux, construire des mosquées, convertir des non musulmans à l'Islam, assister 

    les indigents et les nécessiteux etc. 


    En effet, cet érudit d'envergure, qui perpétuait un héritage spirituel d'une dimension 

    exceptionnelle, s'est énormément investi, comme nul ne l'a jamais fait, dans le domaine de 

    l'éducation, par l'implantation, dans tout le Sénégal et dans les communautés sénégalaises du 

    monde entier, des écoles où l'on enseignait le Livre de DIEU, les sciences religieuses et profanes qui

    ont formé plusieurs générations de lettrés du pays.


    L'Institution Al-Azhar qu'il mit ainsi en place dans les années 70 constitue à ce jour le plus grand 

    réseau scolaire privé du Sénégal avec près des centaines d'écoles disséminées dans les 11 régions 

    du Sénégal et à l'étranger (Europe, Etats-Unis, Afrique). L'Institution compte, en fin juin 2006, 300 

    établissements et un effectif de plus de 40 000 élèves, avec des centaines de professeurs pris en 

    charge sur fonds propres avec la modique contribution financière des élèves dont beaucoup 

    représentent des cas sociaux inscrits gratuitement à l'institut.  Les nobles objectifs ayant présidé à la 

    création de Al-Azhar furent :  

    • Renforcer la foi authentique des musulmans, en leur assurant une bonne formation 

    religieuse et intellectuelle conformément au projet de société de Cheikh Ahmadou Bamba 

    • Contribuer efficacement à la lutte contre l'ignorance et les maux du sous-développement 

    comme le chômage endémique, l'acculturation, la délinquance etc.  

    • Participer à l'œuvre de construction nationale par la formation, l'éducation et la solidarité. 


    Cette initiative de Cheikh Mourtada s'avère d'autant plus remarquable et primordiale qu'elle 

    reflète et matérialise d'une manière inédite, à travers une approche moderne, prospective et 

    volontariste, la place qu'occupe l'acquisition de la connaissance véritable dans l'enseignement de 

    Cheikh Ahmadou Bamba qui n'a jamais cessé d'agir en ce sens et d'en souligner l'importance dans 

    un grand nombre de ses écrits : 

    "Sache que la science et l'action constituent les deux moyens pour atteindre la Félicité Eternelle. 

    Soucie-toi en permanence de ces deux principes en te débarrassant de tous tes défauts et en 

    restant dans la pureté la plus absolue. Fais preuve de sincérité dans chacun de ces deux principes 

    avec un culte exclusif à DIEU, ainsi obtiendras-tu  de belles particularités et seras compté parmi 

    ceux qui suivent la Tradition du Prophète Elu (PSL)" (Les Itinéraires du Paradis,  v. 91-94) 

    "Les ténèbres des innovations blâmables (bid'a) sur le Dogme dissipent les lumières qui mènent vers DIEU, le SUPREME GUIDE. Quiconque vous interdit de  rechercher le savoir, son interdiction relève assurément de l'égarement car celui qui, en cette époque, empêche aux gens de s'instruire, celuilà appelle vers l'innovation haïssable du fait que toute pratique qui n'est pas inspirée par la science sera entachée d'imperfections.  La connaissance et  la pratique sont deux joyaux précieux qui génèrent le bonheur dans les Mondes d'ici-bas et de l'Au-delà.  Le plus noble de ces deux principes demeure toutefois la science, qui constitue une priorité, comme nous l'apprend le Prophète Elu (PSL). Car ceux qui agissent en marge de la science, leur action est assimilée à la poussière 

    dispersée par le vent." (Les Verrous de l'Enfer et les Clés du Paradis, v. 20 et suivants). 

    "Ne reste jamais un seul jour de ta vie sans rechercher la Connaissance puis sans t'évertuer à la 

    mettre résolument en pratique pour adorer DIEU. Car le Savoir vivifie le coeur de celui qui l'acquiert

    de la façon dont il illumine son âme et l'éloigne de l'égarement. Sache que les créatures ne se 

    différencient fondamentalement que par le Savoir et la Pratique Religieuse, sois donc persévérant 

    [dans leur quête]. C'est en effet par la Connaissance et l'Adoration de DIEU que tout homme 

    éminent surpasse ses pairs mais nullement par une auguste ascendance fut-elle de la lignée 

    paternelle et maternelle ; persévère donc à acquérir ces deux vertus tout en te conformant aux 

    Règles de Bonne Conduite... (…) Ainsi qu'il fut dit : "Le Savoir est au coeur ce qu'est la pluie au 

    terroir qu'elle arrose. Le Savoir extirpe l'aveuglement du coeur de celui qui l'acquiert de la façon 

    dont la lune dissipe les ténèbres" Un poète a également dit : "C'est par le Savoir que furent rendus à

    la vie des coeurs qui, jadis, ne discernaient absolument pas le vrai du faux. Le Savoir est une 

    lumière par laquelle l'âme se dirige vers la Vérité à l'image de la lumière naturelle pour l'oeil 

    humain"" (La Voie de la Réalisation des Vœux, v. 159 et suivants) 


    Cheikh Mourtada symbolise ainsi l'archétype même des vertueux épigones dont le Serviteur du 

    Prophète (PSL) a prié le SEIGNEUR de le gratifier lorsqu'il écrivait : 

    "Ô SEIGNEUR ! Accorde-moi des descendants persévérants qui revivifient la Voie du Prophète Elu." 

    "Ô SEIGNEUR ! Accorde-moi des descendants qui persisteront dans les bonnes œuvres."


    L'extension des activités de Al-Azhar a également permis de créer l'un des premiers réseaux de 

    transport en commun du Sénégal constitué d'autobus acquis par Cheikh Mourtada qui sillonnent 

    les recoins les plus des enclavés du pays à des tarifs très abordables pour les couches démunies. 

    Elle a également permis à l'Institution de s'investir dans le secteur pétrochimique par la création de

    stations d'essence gérées par des citoyens issus de ses écoles.  


    L'œuvre de Cheikh Mourtada s'est étendue au monde entier à travers les visites annuelles qu'il 

    accomplissait aux quatre coins du globe pour répandre et revivifier le message de l'Islam. 

    Missionnaire infatigable et plénipotentiaire de la Religion agréée de DIEU, le Cheikh passait ainsi de

    continent en continent pour convier l'humanité à la source ineffable de l'Islam et rappeler aux 

    disciples les Commandements du SEIGNEUR ; les localité les plus reculées du Sénégal comme les 

    plus grandes villes du monde eurent à accueillir sa sainte et attachante silhouette faite de pureté, 

    de compassion, de grâce et d'attachement au Message de DIEU : Paris, Rome, Madrid, New York, 

    Abidjan, Johannesburg etc. 

    Ayant ainsi allumé ou ravivé de nombreux foyers mourides dans des lieux pas toujours favorables à 

    l'implantation de l’islam dont l'image fut souvent déformée, Cheikh Mourtada sut imposer à ses 

    nombreux interlocuteurs officiels une vision alternative d'une religion de tolérance et de pardon au 

    point d'en convertir un grand nombre. Son action permit ainsi à la communauté mouride d'être 

    mieux respectée et honorée, à travers notamment, l'organisation annuelle de "Sheikh Ahmadou 

    Bamba's days" dans plusieurs villes des Etats-Unis  et des journées culturelles Cheikh Ahmadou 

    Bamba au siège même des Nations Unies, ce qui constitue une première dans l'histoire de la 

    communauté. 


    Cet ambassadeur infatigable de l'islam - qui refusait absolument tout clivage au sein de l'islam et 

    oeuvrait au nom de toute la Umma islamique sans aucune sorte de discrimination - créa 

    également la Fondation Khadimou Rassoul dont l'objet est de concrétiser les nobles idéaux 

    contenus dans les enseignements du Serviteur du Prophète (PSL) et l'organisation MICA (Muslim 

    Islamic Community in America) en charge de coordonner les activités de la communauté aux 

    Etats Unis.  


    Les recommandations de Cheikh Mourtada, au cours de ses sermons rares et frappants de 

    concision, étaient invariables, à l'instar de celui-ci qu'il adressa à la communauté mouride un jour 

    de fête : 

    "Je transmets mes salutations à tous ceux qui, en ce jour de fête, se sont rassemblés ici. Je vous 

    recommande de persévérer davantage à toujours vous  conformer aux Prescriptions de DIEU, à 

    celles de Son Messager et aux enseignements du Serviteur du Prophète. Car le Cheikh nous a 

    légué des écrits sans équivoque et enseigné clairement devant la postérité tout ce qu'il se devait 

    de nous apprendre à savoir le respect des Lois de DIEU, la conformité à la Sunna de Son Messager 

    (PSL), la Crainte de DIEU et l'abstention envers Ses Interdits. Je vous recommande également de vous rappeler constamment l'Autre Vie car ce monde d'ici-bas est négligeable et éphémère par 

    essence ; aussi tout être humain s'y trouvant se doit de se souvenir de sa Demeure Eternelle et 

    d'œuvrer pour celle-ci. Persévérons donc dans l'imploration constante du Pardon de DIEU et dans 

    la quête de Son Agrément. La Paix soit sur vous. " 


    Cheikh Mourtada nous quitta le 8 août 2004, à Rabat, à l'âge de 80 ans et fut inhumé à Touba – 

    coïncidence  significative – entre le mausolée de son père, dont il perpétua l'héritage d'une 

    manière inégalée, et la bibliothèque de Touba, lieu de connaissance, cette cause à laquelle il 

    dévoua une existence hors du commun, après avoir posé l'un des actes forts les plus fabuleux de 

    l'histoire du Sénégal moderne, à savoir le legs de  la totalité des biens relevant de l'Institution AlAzhar à la Cause du SEIGNEUR Tout-Puissant dans le testament qu'il fit à cet effet : 

    "Au nom de DIEU, le CLEMENT et MISERICORDIEUX. La Louange soit à DIEU. Que tous ceux qui liront ce document que j’ai écrit personnellement sachent que je prends comme témoins DIEU et Ses 

    deux Anges Scribes et déclare que j’ai persévéré à accomplir ma promesse auprès de DIEU. J’ai 

    ainsi décidé de dédier l'Institution Islamique Al-Azar et ses centres annexes (bâtiments, terrains et la totalité de leurs usufruits) que ce soit à Ndame, Kaolack, Bambey, Thiès, Saint-Louis, Diourbel et 

    ailleurs, au SEIGNEUR Tout Puissant, de sorte qu’aucun acte interdit par le Créateur n’y soit 

    accompli. Je prie DIEU, le Très-Haut, de bénir et de rétribuer les œuvres mentionnées ci-dessus de 

    même que tous ceux qui participeront à leur accomplissement et leur réussite. Puisse DIEU, l'Unique 

    Témoin de mes propos, nous accorder, à moi et à tous les musulmans, Sa miséricorde." 

    Point, à notre sens, ne saurait exister assurément de meilleur modèle et de plus belle illustration de

    l'assertion du Serviteur Privilégié du Prophète (PSL) dans son poème "Wasilatu Rubuh"


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