De notre envoyé spécial à Tripoli
Sous un grand chapiteau, en bordure du port de Tripoli, une centaine de fusils semi-automatiques FAL et des milliers de cartouches de 7,62 millimètres, rangées par boîte de vingt, sont alignés par terre, offerts aux caméras. Selon Moussa Ibrahim, le porte-parole du gouvernement libyen, cette cargaison était destinée aux rebelles.
Elle aurait été transportée par un bateau battant pavillon tunisien, déchargée sur deux embarcations légères, avant d’être saisie par des gardes côtes et des militaires libyens à proximité de la ville côtière de Zanzour, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de la capitale. Pour la cinquantaine de journalistes étrangers débarqués d’un bus climatisé, c’est la sortie du jour.
Cette prise de guerre leur a été annoncée une heure plus tôt, au Rixos, un hôtel de luxe transformé en centre de presse, par le vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled Kaaim.
Nouvelle livraison
"Après le parachutage par les Français d’armes à la rébellion, nous assistons à une nouvelle forme de livraison d’armes par voie de mer", a-t-il déclaré avant d’accuser l’Alliance atlantique et le Qatar de chercher à "provoquer des affrontements entre Libyens et le chaos dans le pays".
Les autorités libyennes en veulent pour preuve ces caisses exposées sous la même tente blanche et marquées au nom des "Qatar Armed Forces", les forces armées du Qatar. L’une d’elles porte un numéro d’immatriculation : "130301/2". "Tout cela n’est pas destiné à protéger des enfants, mais à répandre la mort", proclame Moussa Ibrahim, debout au milieu des munitions. "Onze rebelles dont deux officiers ont été arrêtés lors du raid".
"Je dois vérifier"
Peut-on connaître leur identité ? "Je vais me renseigner", promet le porte-parole. Quel était le nom du bateau tunisien ? "Je dois vérifier", ajoute-t-il. Les armes étaient, d’après lui, destinées à fomenter des troubles autour de Zawiya et Zuwara. Elles ne sont pas récentes. Un journaliste versé dans la chose militaire observe que le FAL, un fusil belge, est en service dans l’armée libyenne.
Finalement, l’information la plus importante est sans doute la reconnaissance par le régime de Mouammar Kadhafi que les rebelles déjà présents dans les montagnes de Nafoussah, à 80 km au sud de Tripoli, disposent aussi de partisans à l’ouest de la capitale.
Christophe Boltanski - Le Nouvel Observateur