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Pourvu que la sœur ne ressemble pas au frère… La sœur cadette de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra devrait prendre les commandes d’un pays profondément divisé. Qu’elle se mont
Pourvu que la sœur ne ressemble pas au frère…
La sœur cadette de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra devrait prendre les commandes d’un pays profondément divisé. Qu’elle se montre désormais à la hauteur des espoirs qu’elle a suscités, assène le Bangkok Post.
Qu’on le veuille ou non, il va bien falloir que nous acceptions et que nous respections les résultats d’élections qui ont tout l’air d’être un raz de marée en faveur du parti Pheu Thai. Bénéficiant d’une majorité absolue, il a parfaitement le droit de former un nouveau gouvernement, seul ou dans le cadre d’une coalition. Dans le même temps, il semble probable que Yingluck Shinawatra, la tête de liste du parti, devienne la première femme chef du gouvernement de Thaïlande. Yingluck est une nouvelle venue en politique, et c’était la première fois qu’elle se présentait à des élections, mais, puisqu’elle va apparemment devenir Premier ministre, elle va devoir montrer qu’elle est capable de diriger le nouveau gouvernement, et qu’elle n’est pas seulement la marionnette de son frère aîné Thaksin.
Yingluck a déclaré un jour au Bangkok Post que, si les gens votaient pour elle, ce serait elle qu’ils auraient, et non Thaksin. Et, tout au long des six semaines de campagne, elle a promis à l’opinion publique que, si elle l’emportait, elle aurait pour priorité d’alléger le fardeau économique de la population. De plus, elle a dit et répété qu’elle souhaitait, face à la fracture politique du pays, œuvrer au nom de “la réconciliation, sans esprit de revanche”. Elle s’est également engagée à mettre en place un organisme neutre chargé d’étudier comment surmonter les divisions de la société thaïlandaise. Espérons qu’elle tiendra ses promesses.
Selon les observateurs, la défaite du Parti démocrate s’explique par le fait qu’il n’a pas su répondre efficacement aux problèmes économiques du pays. Le gouvernement d’Abhisit Vejjajiva, tout en reconnaissant que les gens étaient confrontés à une hausse du coût de la vie, rejetait aussi la faute sur des facteurs économiques mondiaux, y compris l’augmentation des tarifs pétroliers. Mais, compte tenu de son incapacité à s’attaquer à certains problèmes, par exemple la pénurie de produits de première nécessité comme l’huile de cuisson et les œufs, mais aussi aux difficultés des petites gens, il n’a tout simplement pas été en mesure de séduire les électeurs.
Les Thaïlandais de la rue, quant à eux, espèrent que le Pheu Thai pourra améliorer leur qualité de vie, ce qui inquiète les économistes, qui craignent que les nombreuses promesses populistes du parti ne poussent l’économie du pays au bord du gouffre, si elles se concrétisent. Prenons l’une d’elles, par exemple celle d’augmenter le salaire minimum à 300 bahts (6,8 euros) par jour, soit une hausse de 30 % par rapport à son niveau actuel. Cela ne ferait que contraindre beaucoup de chefs d’entreprise à fermer boutique, incapables qu’ils seraient de payer ces salaires plus élevés. Le chômage progresserait, ce qui provoquerait de graves problèmes sociaux.
Mais beaucoup s’angoissent surtout à l’idée que certains au sein du Pheu Thai ne mettent à exécution leur projet d’amnistier Thaksin et de lui restituer 46 milliards de bahts [un peu plus de 1 milliard d’euros, gelés sur décision de justice]. Ils redoutent que, une fois au pouvoir, le parti n’agisse dans ce sens et qu’il se retrouve alors face à de violentes manifestations, la société s’enfonçant dans des troubles encore plus graves que ceux qu’elle a connus ces dernières années. Le résultat des élections du 3 juillet a suscité de grands espoirs dans la population, qui rêve d’un retour à la normale de la situation politique puisque, le Pheu Thai disposant de la majorité absolue, il n’y a aucun risque qu’un groupe influent l’empêche de prendre les commandes. Aucune “main invisible” ne pourra interférer avec la formation d’un nouveau gouvernement. Par conséquent, nous ne pouvons qu’espérer que Yingluck tiendra ses promesses, à savoir qu’elle fera des problèmes économiques sa principale priorité et qu’elle laissera une tierce partie, neutre, ouvrir la voie à la réconciliation nationale.
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